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Résumé de l'article publié dans les Cahiers du Monde russe, 39(3), juillet-septembre, 1998, pp. 283-296. © V. Ržeutsky. Vous ne trouverez pas ici l'annexe (publié dans les Cahiers du monde russe) qui contenait trois listes juxtaposées des colons français: au moment de l'émigration en Russie au début des années 1760, dans les colonies de la Volga et enfin à Moscou en 1777. Pour tout renseignement, écrivez-moi à l'adresse: rjeoutski@free.fr
Les Français de la Volga: la politique migratoire russe des années 1760 et la formation des communautés francophones à Saint-Pétersbourg et à Moscou.
Le gouvernement russe chercha, dès 1762-1763, à faire venir des pays d’Europe des colons, d’origine rurale de préférence, afin de contribuer au peuplement de territoires vides, notamment dans la région de la Volga. Mais, paradoxalement, cette politique contribua à la formation de colonies étrangères dans les deux capitales russes et eut des effets importants pour les communautés francophones de ces villes. C’est pourquoi il importe d’étudier l’origine, les lieux de résidence, l’expérience professionnelle, familiale, psychologique, bref, le capital culturel que ces Français apportèrent dans les communautés francophones de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Mon analyse se fonde avant tout sur la comparaison de plusieurs listes inédites et, ― sauf une, ― encore inexploitées. Ce travail poursuit une recherche abordée dans un article précédent consacré à la communauté francophone de Moscou sous le règne de Catherine II (dont le résumé vous trouverez aussi sur ce site).[1] G.
Pisarevskij écrivait que l’émigration en Russie du début
du règne de Catherine II était rurale par ses objectifs mêmes.
Cette opinion était contestée par A. Kizevetter et P. Šafranov,
qui citaient les quelques exemples d’établissements urbains
subventionnés par le gouvernement — tous connus de la science
historique à l’époque, admettait P. Šafranov.[2]
Or, tout en soulignant le caractère rural de la campagne migratoire,
G. Pisarevskij convenait que parmi les colons des « représentants
du prolétariat de ville n’étaient pas rares », et
c’est à cette dernière particularité qu’il
attribuait le nombre élevé des colons reconnus en 1769
inaptes à s’occuper de l’agriculture. Mais Pisarevskij
n’indiquait pas si le « prolétariat de ville »
était plus ou moins nombreux selon qu’il s’agissait des Français
ou des germanophones. Le sort des Français ne l’intéressait
pas particulièrement, ces derniers n’étant qu’une poignée
sur les rives de la Volga. L’académicien
V. Šišmarev, passionné par la recherche des traces
de l’émigration « romane » en Russie, a évoqué
le document bien connu des Archives de la Bastille intitulé
« Observations sur la levée des colonies russes et l’émigration
des familles françaises » (par la suite appelé Observations...),[3]
mais il n’en tira de conclusion sur la nature de l’élément
français recruté pour la Russie.[4] Il n’a pas comparé
non plus la part française et allemande. Mais il a analysé
la liste des colons français de 1767[5]
et sur sa base il conclut que les Français véritables n’étaient
pas nombreux dans les colonies de la Volga — à peine 70 familles
et célibataires — dont la moitié étaient laboureurs
et les autres artisans. Mais selon Šišmarev,
c’étaient des artisans ruraux (« remeslenniki krestianskogo
tipa ») qui avaient seulement perdu l’habitude de la terre mais
n’étaient pas à proprement parler inaptes à
l’agriculture.[6]
En comparant la géographie des points de départ des Français
d’après les listes dont il disposait avec les données des Observations...,
Šišmarev
relève un décalage très important et de conclure que
cette divergence s’explique par l’abondance des germanophones, cachés
sous la dénomination de « Français », « sujets
français » dans les Observations... des
Archives de la Bastille.[7] Il
revint à Roger Bartlett de montrer les causes du revirement survenu
dans la politique migratoire en Russie quand l’accent n’était
plus mis sur le savoir-faire des étrangers mais sur la population
des espaces inhabités de l’Empire.[8]
Il releva aussi une contradiction certaine entre les objectifs de
l’immigration et le capital culturel d’une partie des immigrants.[9]
En effet, c’est en 1775 que la couronne, après le « tri »
organisé dans les colonies de la Volga,
reconnut que 1755 colons étaient inaptes à
l’agriculture. 529 d’entre eux reçurent finalement des
passeports leur permettant de se choisir un autre mode de vie et un
nouveau domicile, y compris dans les villes. Et la plupart des prétendues
300 familles autorisées à partir auraient tourné
leurs regards vers les capitales, Saint-Pétersbourg et Moscou.[10]
Par cette mesure le gouvernement reconnaissait que ses projets du développement
de l’agriculture dans la région de la Volga par les mains des
étrangers n’ont pas entièrement réussi. Ce
fiasco serait-il provenu des difficultés imprévisibles de
l’existence des colons sur la Volga? Les rigueurs de leur vie étaient
bien connues et ont été évoquées à
plusieurs reprises: sécheresse, mauvaises récoltes,
insurrection de Pugačev, raids des nomades, etc.[11] Un
des mérites du livre de Bartlett était de relever d’une
part la contradiction entre les objectifs de l’immigration et les qualités
de l’élément immigrant et, d’autre part, la dispersion
d’une partie des colons après le « tri » de l’année
1775 et leur exode vers les capitales; cette dernière migration
avait été passée sous silence par tous les auteurs
antérieurs.[12]
Mais la liaison entre les deux, si logique qu’elle paraisse, ne put
qu’être esquissée: on ignorait presque tout de la nature de
ces immigrants qui quittaient, au bout de près de dix ans, les
colonies pour recommencer — une fois de plus — leur vie à zéro. Au tout
début de l’année 1777 le vice-consul de France à
Moscou, Pierre Martin, rédigea une liste des Français
domiciliés dans l’ancienne capitale de Russie.[13]
Ce précieux document que j’ai analysé ailleurs[14] contient une partie sous
le titre « Etat des François et Françoises qui ont
été sollicités de passer en Russie comme colons par
les Srs. Meunier de Précourt et Hauterive, tant à Paris
qu'en Allemagne etc. ». Le vice-consul là rappelle brièvement
qu’en 1765 et 1766 beaucoup de colons étrangers venant des différents
Etats de l’Europe sont passés en Russie. Les informations qu’il
en donne quant aux chiffres sont de loin trop fantaisistes (104 colonies,
il n'en reste "que" quatre-cinq mille familles, le reste périt
de misère, de maladies, massacrés par Pugačev ou emmenés
en esclavage) et font sans aucun doute partie de la mythologie que ces
anciens colons recensés par Martin à Moscou s’étaient
forgée pendant les années passées dans les colonies.[15]
Suit la liste des Français venus
des colonies de la Volga s’installer à Moscou. Cette liste
contient les noms de 48 Français dont 37 étaient mariés
et avaient des enfants, en tout près de 150 personnes. Le nombre
des Français à Moscou, avec ces anciens colons, ne dépassait
en 1777 650 personnes, ce qui
permet d’évaluer l’importance de la contribution des colonies
de la Volga. Il
est évident que la part des Français dans cette migration
était très supérieure à leur proportion dans
les colonies de la Volga. Qui plus est, cette migration draina, à
en juger par les listes dont nous disposons, la majorité des colons
francophones de la Volga. Ce n’est absolument pas le cas des
germanophones. Il est donc important de rappeler l’origine de ces
colons. Une
autre question se pose: celle de la différence du capital culturel
des colons allemands et français qui expliquerait peut-être
cette disproportion. Qui étaient ces colons français ?
d’où venaient-ils ?
Les Observations... des Archives de la Bastille n’ont pas encore
livré tout ce qu’elles recèlent. Quelles conclusions
pourrait-on en tirer? Pour moi, elles se résumeraient en ceci: le
recrutement des Français se faisait généralement
à l’extérieur de la France, dans les communautés
françaises des villes comme Hambourg, Francfort etc. Originairement,
les colons français semblent avoir été principalement
des Alsaciens et des Lorrains; ils étaient, vers le temps de leur départ,
majoritairement de milieu urbain, tant par leur lieu d’habitation que
par leurs professions; il n’y avait pas si peu de déserteurs
parmi eux, trait significatif, caractérisant ces colons aussi du côté
psychologique. Il est à remarquer que le nombre de déserteurs
est tout aussi important dans la liste des Français venus
s’installer à Moscou des rives de la Volga. Mais
le document des Archives de la Bastille ne contient presque pas de noms,
ce qui rend impossible toute comparaison avec les listes de Šišmarev
et de Martin. Le
fonds de la Chancellerie de tutelle des étrangers aux Archives
d’Etat des Actes anciens (RGADA) contient un dossier sur les contrats
passés avec les colons. S’y trouve une liste des 55 colons français,
arrivés en 1764 à St.-Pétersbourg accompagnés
des recruteurs célèbres, De Boffe et Meunier de Précourt.[16] Si on y ajoutait encore
environ 30 personnes, venues, en tête avec Philippe Auguste
Delesalle, en l’été 1765,[17] devant nous — la
plupart des Français connus d’après la liste de ŠiŠmarev
et celle de Martin, et en général, le gros des colons français
qui nous sont connus. Cela fait penser qu’il s’agit des deux plus
grands contingents de Français dans cette vague de colonisation,
qui pour cette raison mériteraient de l’attention.[18] Le
6 août 1764 le ministre plénipotentiaire de la Russie
à Paris le pr. D. A. Golicyn envoya à Saint-Pétersbourg
la relation par laquelle il avisa la Chancellerie que les trois directeurs
Meunier de Précourt, de Boff et d’Hauterive « levaient »
avec beaucoup de succès des colons en Allemagne et qu’un bon
nombre devaient en ces jours-ci arriver à Lübek pour être
acheminés à Saint-Pétersbourg. Un mémoire
était joint à la relation du ministre, probablement de la
main de Meunier de Précourt dont les talents littéraires
étaient bien connus. L’auteur, invoquant la méprise de la
Chancellerie à l’égard des associés et de lui-même
qu’elle considérait comme « un entrepreneur qui sous
l’appas d’un intérêt pecuniaire offroit de faire
expatrier des familles», tenait à faire la lumière sur ses
véritables intentions: « C’est
L’honneur de créer un peuple nouveau, La gloire de vaincre Les
difficultés qui s’opposent aux premiers Etablissements, La douce
satisfaction de conduire des hommes et de les rendre heureux par de sages
reglemens et par une administration bien entenduë; c’est enfin La
noble ambition de faire sortir du sein d’une terre agreste, Les arts,
Les sciences, Le commerce et L’agriculture qui animent Les chefs de la
colonie et ses associés ».[19] L’envoyé
russe à la Haye le comte A. S. Musin-PuŠkin
informait la Chancellerie de tutelle à la fin du mois d’août
1764 qu’il envoyait le jour même à Lübek Meunier de Précourt
avec ses 30 colons tirés de la France et Jean de Boff en tête
du groupe de 17 colons. Il les munit d’une somme de 412 thalers et
demandait d’autres subventions, en attendant le transport du troisième
recruteur, d’Hauterive, venant de Hollande. Il était stipulé
que ces colons « ne feront jamais corps avec les colons venus au
hazard, de droite et de gauche, tels que sont aujourd’hui les colons
Allemands »[20].
C’est eux qui formèrent l’unique colonie presque exclusivement
française dans la région de la Volga — Franzosen-Rossoschi.[21]
Sur à peu près 40 hommes de ce groupe seulement 10 purent
signer eux-mêmes le contrat avec leurs recruteurs.[22]
Le
deuxième groupe des colons était recruté aussi sous
le compte de Meunier de Précourt. Le véritable chef de ce
groupe était un certain Philippe Auguste Delesalle, se disant
fermier, écrivant dans un français châtié, qui
ayant pris la décision d’aller en Russie avec sa femme et ses 11
enfants, entraînait avec lui quelques compatriotes. Au mois
d’avril 1765 le comte A. R. Voroncov les expédiait à
Hambourg chez le comte A. S. Musin-PuŠkin.
Meunier de Précourt chargea un nommé Larmée de
conduire ce groupe en Russie « en
évitant de passer par Moscou ville funeste aux colonies ».
Une partie de ces colons, à l’instigation de M. Delesalle, refusèrent
de s’établir dans la colonie de Meunier de Précourt et allèrent
dans quelque colonie d’état.[23]
Certains
colons réussirent à s’ésquiver déjà
à Saint-Pétersbourg avant de gagner les rives de la Volga:
soit en demandant asile à l’ambassade français (v. les
listes en annexe), soit en se débrouillant pour trouver du travail.[24]
Une
particularité de toutes ces listes: ne s’y répètent
que les noms des colons, tandis que les caractéristiques sont plutôt
complémentaires. On dénombre en tout 51 homme dans les deux
listes de la Chancellerie dont on vient de parler. Au moins 20 sur ce
nombre se trouvent en 1777 déjà à Moscou, et ce
chiffre peut être en réalité encore plus grand, vu la
déformation de l’orthographe des noms. Sur ces 20 familles qui
atteignirent Moscou l’absolue majorité sont à la fois
« laboureurs et vignerons ». Il y a en outre deux « fabriquants »,
un architecte, un ingénieur et un couturier. La géographie
est très variée. Il y a ici plusieurs anciens parisiens (mais
il s’agit des « laboureurs »?), orléanais, quelques
ressortissants de Lorraine, Languedoc, Picardie, Berry, Normandie,
Franche-Comté... Mais il est intéressant que certains
« laboureurs » de Paris ont pour femme des habitantes de Liège,
de Hanovre ou de Brandebourg. Cela fait penser que si ces Français,
vers le temps de leur départ en Russie, défrichaient la
terre ou cultivaient les vignes, c’étaient quelque part sur les
bords du Rhin. Cette hypothèse est confirmée par la relation
susmentionnée du pr.Golicyn vantant les succès des trois
directeurs « en Allemagne ».[25]
Autre exemple: un nommé Casimir Certellet, « cultivateur pour
les défrichements » de Champagne, se trouve marié avec
une couturière de Paris et figure lui-même dans une autre
liste comme « cordonnier de Paris ». Je crois que ces exemples
sont assez parlants.[26]
Une nuance importante: cinq de ces « laboureurs et vignerons »
sont appelés déserteurs dans la liste du vice-consul français
Martin. On a peine à croire que tous les déserteurs français
à Moscou aient reconnu avoir déserté l’armée
royale, et partant leur nombre pourrait être plus considérable.
Même s’il s’avère impossible d’identifier ces listes
avec celle des Observations...,
on en constate au moins leur similitude sur un point important, celui du
lieu de recrutement. Ainsi,
il n’y a pas de doute que beaucoup, peut-être la plupart des
colons français recrutés pour la Russie aux années
1760 résidaient, vers le temps de leur départ, hors des
frontières de la France. Il est aussi possible qu’une partie
eussent été embauchés à Paris, comme le
vice-consul français à Moscou indique dans sa liste. Ceci
nous en dit long: qu’ils eussent quitté la France, puis qu’ils
fussent allés en Russie, sur les rives de la Volga si lointaine,
d’où ils regagnèrent les capitales, en tout cas Moscou, et
qu’ils ne se fussent pas éternisés non plus dans ces mégalopoles
si aimés de leurs compatriotes,[27]
puisque’ils les quittèrent également — en France ou pour
une autre destinnation? — c’est qu’ils étaient très
peu enracinés, qu’ils étaient des migrants par leur nature
même. Etaient-ils
liés à la terre quand ils prirent la décision de
partir en Russie? Je laisserai cette question à la responsabilité
des recruteurs qui n’ignoraient pas, on le devine, ce qu’il fallait
indiquer dans la rubrique « profession » pour décrocher
l’argent de la Chancellerie de tutelle: les objectifs de l’immigration
étaient ouvertement formulés par le gouvernement russe. On
n’ignore bien sûr d’autres facteurs qui étaient pour
quelque chose dans cette migration intéressante: les calamités
qui frappèrent les colonies, les rumeurs de l’existence d’une
communauté française à Moscou que le directeur de
Rossoschi de Boff, un des trois recruteurs associés, connut
personnellement lorsqu’il y passa quelque temps en 1765[28]
et où il se retira comme le firent ses colons, enfin la certitude
de pouvoir y gagner leur vie, notamment en leur qualité de Français.
Ce fut le sort des Delesalle, enfants et descendants de Philippe Auguste
Delesalle, qui firent au XVIII comme plus tard au XIX siècle une
impressionnante contribution dans le domaine de l’instruction publique
à Moscou.
Un faible espoir de retrouver des Mémoires relatifs à
cette migration fait croire qu’on aura un jour des réponses aux
questions qu’on se pose encore: äa migration des Français de
la Volga vers Moscou fut très probablement collective, mais quel en
était le mécanisme? On ne sait que peu de choses sur les
occupations de ces Français à Moscou, ni sur leur insertion
dans la vie de la communauté française et de la ville.[29]
Ayant passé près de dix ans côte à côte,
dans le même village, les membres de ce groupe gardèrent-ils
des rapports dans le cadre d’une grande ville et quelle en fut la portée?
Que sont-ils devenus par la suite[30]? [1]Publié par la Revue des Etudes Slaves, Paris, LXVIII/4, 1996, p.445-461, notamment les pp. 449-451.
[2]
G. Pisarevskij, Из истории
иностранной колонизации в России
в XVIII в.
(по неизданным архивным документам).
// Записки
Московского археологического
института. М., 1909, vol. 5, p.
46-48, 57, 76-77. A. A. Kizevetter, Отзыв
о сочинении Г. Г. Писаревского «Из
истории иностранной колонизации в
России в XVIII веке». Отчет о 52-м присуждении наград гр.
Уварова. //
Записки Императорской Академии наук по
историко-филологическому отделению.
СПб., 1912, vol.
XI, t. 3, SPb., 1912, p. 151-200, passim., p.159 en particulier; P. A.
Šafranov,
Отзыв о книге Г.Г.Писаревского
«Из истории иностранной колонизации в
России в XVIII в.», tiré à part de Чтения
в Обществе историиии и древностей
Российских, 1909, vol.4. Les documents de la Chancellerie de tutelle des étrangers conservés aux Archives d’Etat des actes anciens (RGADA), notamment la collection des contrats passés avec des fabricants étrangers (fond 283 (Chancellerie de tutelle des étrangers), inventaire 1, dossier 16 (1764-1775), laissent à penser que ces auteurs citèrent à peu près tous les cas de subvention par le gouvernement des établissements urbains des étrangers à cette époque. [3]Ce document des Archives de la Bastille est conservé au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de Russie. V. A. Ljublinskaja, Bastil’skij arhiv v Leningrade. Annotirovannyj katalog, Leningrad, 1988, p. 22: « Observations sur la levée des colonies russes et l’émigration des familles françaises ». Analysé pour la première fois dans: Estrée P. de, Une Colonie franco-russe au XVIII siècle, Revue des Revues, 1896, §19, ñ.11. Publié par A.Ljublinskaja dans un catalogue intérieur du département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de Russie: A.Ljublinskaja, Dokumenty iz Bastil’skogo arhiva. Annotirovannyj katalog, Leningrad, 1960. Dans une édition largement accessible publié par R. Bartlett: R. Bartlett, Human Capital. The Settlement of Foreigners in Russia, 1762-1804, Cambridge University Press, Cambridge, etc., 1979, pp. 250-256. [4]V. Šišmarev, Romanskie poselenija na juge Rossii. Naučnoje nasledie (Les colonies romanes au sud de la Russie. Héritage scientifique), Trudy arhiva Akademii nauk SSSR, 26, 1975, pp. 109-110. [5]Une copie de la liste des Français dans les colonies de la Volga se trouve aux Archives de l’Académie des sciences de Russie (section de Saint-Pétersbourg), 896 (fonds de V. Šišmarev), 1, 477, f. 493-499. Il s’agit probablement des listes dressées en 1769 qui étaient conservées aux Archives de l’Etat-major (Voenno-ucebnyj arhiv general’nogo štaba), aujourd’hui ce fonds se trouve aux Archives de guerre de Russie (RGVIA).
[6]
V.Šišmarev,
op.cit., p. 106; 117. [7] V. Šišmarev, op.cit., p. 110. [8]R. Bartlett, op.cit., p. 51-54. [9]R. Bartlett, op.cit., p. 59, 97-98.
[10]R.
Bartlett, op.cit.,
p. 107: « However,
although many individuals settled in the Volga region, the largest
single group appears to have made its way back to the capitals, where
they joined the communities of Western artisans and
tradesmen. ». R.
Bartlett tirait cette information de l’oukaze du 30 mai 1782.
Polnoje Sobranije Zakonov Rossijskoj Imperii (PSZ). SPb., 1830, vol.
XXI, n° 15411. [11] R. Bartlett, op.cit., p. 96-99. V. aussi la bibliographie dans les notes à ces pages. [12] R. Bartlett, op.cit., p 97, 107. [13]AN, Affaires étrangères, B-I-480, f. 213-223: « Etat de La Colonie françoise à Moscou et dans cette partie de l’Empire de Russie, pour être mis sous les yeux de Monseigneur de Sartine Ministre et Secrétaire d’Etat ayant Le département de la marine, par le Sr. martin viceconsul à Moscou, au commencement de 1777 ». [14]V. Rjéoutsky, La communauté francophone, art. cit. [15]AN, Affaires étrangères, B-I-480, p.218. [16]RGADA, 283, 1, 17 (1764-1777), f. 50-50 verso: 19 septembre 1764. Etat du nombre des colons arrivés en Russie le 18. septembre 1764. sous les Ordres et la Conduite de Mr. De Boffe et Meunier de Precourt, Directeurs d’une branche de la Colonie Etrangère à former entre Saratoff et Astracan, en vertu du traité du 5. juillet dernier, dont copie est ci-jointe: Ensemble l’Endroit de leur naissance, leur âge, Métiers et Talents, suivant le détail cy-après. [17]RGADA, 283, 1, 59 (1765). [18] Il est naturel que les Français s’imisçassent aussi un par un dans d’autres transports. Cf. les colons Saunier et Michel engagés par Bauregard. RGADA, 283, 1, 97 (1766-1780). [19] RGADA, 283, 1, 17 (1764-1777), f. 64 etc. [20] RGADA, 283, 1, 17 (1764-1777), f. 47. [21] Le destin de cette colonie intéressait beaucoup V. Šišmarev, op.cit., p. 111-112. Lors du recensement des colons en 1798 il s’avéra que des premiers habitants il ne resta que la famille « Брешере » et la veuve Leblanc. Dans les deux cas ils semblent être de la parenté des Français qui s’en allèrent à Moscou. Archives Historiques de l’Etat de Russie (RGIA), 383, 1, 802 (description de la colonie Rosoši). [22] RGADA., 283, 1, 17 (1764-1777), f. 49. [23] RGADA, 283, 1, 59 (1765). [24]En 1772 Albertine Delesalle et son père, vraisemblablement parents des Delesalle-colons, s’engagèrent comme gouverneurs à l’Académie des Beaux-Arts à Saint-Pétersbourg, où ils succédèrent à deux autres colons. C’était un certain Saunier (?), qui chercha secours à l’ambassade française et auquel on délivra en 1766 le passeport pour s’établir à Saint-Pétersbourg (RGADA, 283, 1, 79 (1766); 97 (1767-1780), et Claude Grené, venu avec le même Philippe Auguste Delesalle. Les deux furent mis à la porte pour avoir eu des disputes entre eux. RGIA, 789 (Académie des Beaux-Arts), 1, 462, f.27-34. Le colon Charles Michel suivit l’exemple de Saunier, de François Girardot ou de Jean Cuissac, en demandant aide à l’ambassade. RGADA, 283, 1, 97 (1767-1780). Un autre exemple est le colon Horn (?), probablement futur libraire à Moscou, qui est aussi autorisé, après le remboursement des frais, à rester à Saint-Pétersbourg. RGADA, 283, 1, 64 (1766). Certains colons arrivèrent à rester à Moscou par où ils passaient en se dirigeant vers la Volga, toujours à la même condition de payer ce qu’ils devaient à la Chancellerie. Le colon français La Coste venu avec Delesalle s’établit à Moscou déjà au début de février 1766. C’est son recruteur d’Hauterive qui consentit à payer, en attendant que La Coste puisse gagner de l’argent, la dette d’environ 80 roubles que la Chancellerie avait dépensé sur le transport, la nourriture etc. de chaque colon. La Coste fut logé chez le marchand français Desmarais dans le Faubourg des Etrangers à Moscou et fut bientôt engagé comme outchitel. Il ne régla ses comptes qu’en 1771. RGADA, 283, 1, 72 (1766-1771). [25] RGADA, 283, 1, 17 (1764-1777), f.64. [26] Les autres Français, non figurant sur les deux listes de la Chancellerie, qui eux aussi passèrent par les colonies et aboutirent à Moscou, appartiennent pour la plupart au milieu urbain. [27]Par exemple le colon de Plassan, officier-déserteur. AN, Affaires étrangères, B-I-480, f.218. On ne retrouvera que 5 ou 6 familles dans la liste des Français résidant à Moscou en 1793. Sankt-Peterburgskie vedomosti, 1793, n° 47-51. [28]G. Pisarevskij, op.cit., Annexe, p. 63. [29]Le seul cas bien connu, celui des Delesalle, ils bénéficièrent de la protection d’une branche des comtes Cheremetev, grâce à qui la famille émigrante qui se fait très vite naturaliser à Moscou, une forme d’acculturation anticipée par rapport au reste de la colonie qui serait peut-être une réaction à l’expérience vécue sur la Volga que le reste de la colonie n’a pas connue? [30]Outre ces quelques familles qu’on trouve encore en 1793 à Moscou, trois ou quatre colons se dirigèrent plus tard à Saint-Pétersbourg, pour devenir serviteur, fabricant d’étoffe, économe dans une banque. V. Sankt-Peterburgskie vedomosti, 1793, n° 45-46.
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